Lettre ouverte du Directeur du Casino Batelière-Plazza, suite au conflit social de novembre.

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Mesdames, Messieurs,

Au sortir du conflit qui a pénalisé injustement mon entreprise du 10 au 24 Novembre 2016, suivi par environ 40% du personnel, je me dois de réagir aux propos qui ont été tenus sur les médias et souhaite ici rétablir un certain nombre de vérités :

Sur « l’absence d’augmentation de salaires depuis 10 ans et de contrepartie au travail de nuit … »

Sur les dix dernières années nos salariés n’ont pas perdu de pouvoir d’achat. En effet l’ensemble de leurs rémunérations a progressé davantage que le coût de la vie à la Martinique.

Le personnel du casino perçoit treize mois de salaires auxquels s’ajoutent un intéressement et une participation au résultat de l’entreprise. En 2015 ces deux derniers se sont chiffrés respectivement à 35.352 € et 175.176 € soit au total 210.528 €. Cette part variable des rémunérations a donc atteint pour le dernier exercice 2.300 € par salarié.

Nos employés reçoivent un salaire supérieur à celui fixé par la convention.

Le tableau ci-dessous vous donne les niveaux de rémunération des emplois repères du casino en les comparant à ceux de la grille fixée par la convention collective du secteur.

Emplois repèresSalaires de base de la Convention Collective NationaleSalaire brut moyen casino BatelièreEcart en valeurEcart %
Caissier1 4872 22273549.43
Technicien1 4872 35686958.44
Contrôleur aux entrées1 4812 47899767.32
Serveur barman1 4732 09061741.89
Agent d’entretien1 4732 15067745.96
Plus faible salaire1 4731 99051735.10

 

En contrepartie du travail de nuit qu’ils effectuent, nos salariés disposent jusqu’à 6 jours de repos.

Sur les 365 jours que compte une année, ils bénéficient de 6 jours de repos pour travail de nuit, de 35 jours de congés payés, de 16 jours de repos pour travail des jours fériés et de 103 jours de repos dans le cadre de leurs cycles de travail. Ils travaillent donc 205 jours par an.

Notre établissement remplit l’ensemble de ses obligations en matière d’animation des instances représentatives du personnel (CE, DP et CHSCT). A la demande du Comité d’Entreprise, nous avons missionné le cabinet CGE pour l’assister dans l’analyse des comptes du casino.

Sur les ondes certains de mes collaborateurs ont déclaré : « l’expert nous a dit que le casino pouvait payer … ». Je déplore l’immixtion de « l’expert » dans la gestion de notre établissement et son intervention partisane dans le conflit …

Sur « l’importance des revendications à l’origine du conflit… »

Les revendications de la délégation syndicale étaient les suivantes :

  • Augmentation mensuelle des salaires de 130 € net,
  • Revalorisation des primes de transport,
  • Revalorisation de la prime de panier,
  • Augmentation de la prise en charge patronale de la mutuelle de 55% à 70%,
  • Prime de vacances de 10% du salaire moyen annuel,
  • 1 jour de fermeture le 22 mai.

Leur coût s’élève à 625.000 € et représente plus de 15 % des charges de personnel.

Notre entreprise ne peut supporter des augmentations aussi exorbitantes pour les raisons suivantes :

  • Elle n’a pas la possibilité de la répercuter sur ses prix, dans la mesure où elle ne vend ni bien ni service.
  • Elle s’est engagée auprès de la mairie à réaliser un lourd programme d’investissements de plus de 6 millions d’euros, dont le coût ne pèsera pleinement sur les comptes qu’à partir de l’exercice en cours.
  • Dans le cadre du développement de ses activités de jeux, de restauration et d’animation, elle a recruté une vingtaine de jeunes martiniquais, dont la charge de personnel grèveront ses comptes de plus de 500.000 €, dans les prochaines années.
  • Les modifications règlementaires pénalisantes ont accéléré la baisse de fréquentation de l’établissement.

La conjoncture défavorable dans laquelle elle évolue et le durcissement de la règlementation à laquelle elle est soumise, nous interdisent d’alourdir ses charges fixes en acceptant de telles revendications.

Aussi, avons-nous proposé les augmentations raisonnables du salaire de base, échelonnées ainsi :

  • 25€ bruts mensuels rétroactifs au 1/11/2015 pour l’exercice comptable 2015-2016,
  • 25€ supplémentaires pour l’exercice 2016-2017, soit au cumul 50€ bruts mensuels à partir du 1er novembre 2016,
  • 25€ pour l’exercice 2017-2018, soit au cumul 75€ bruts mensuels à partir du 1er novembre 2017.

Elles sont accompagnées de la revalorisation de la prime de transport et de la fermeture de l’établissement le 22 mai.

J’espère qu’à la lumière de ces différentes observations vous comprendrez mieux les raisons qui m’ont conduit, pour préserver la pérennité de mon entreprise et ses emplois, à ne pas céder aux demandes exorbitantes.

Je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes sincères salutations.

Le Directeur Responsable, Thierry de CRESCENZO

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